A l'origine, “libéral” désigne un courant théologique issus de la pensée des lumières et qui se revendique du terme. La caractéristique qui le définit est de défendre une pensée absolument libre, qui ne retient en matière de foi que ce que l'exercice de la raison lui commande, sans reconnaître d'autorité décisive ni à la Bible ni à la tradition.

Historiquement, l'évangélisme s'est construit comme un mouvement orthodoxe, opposé au libéralisme théologique, au sens où il a voulu faire primer la justesse des doctrines par rapport à l'idéal d'une pensée qui ne dépendrait que d'elle-même, et l'orthodoxie s'est le plus souvent définie en terme d'autorité reconnue à la Bible et de confiance en sa fiabilité (voire son inérrance).

De ce fait le terme “libéral” a pris une couleur résolument négative dans le langage évangélique, désignant presque par définition ce que l'évangélique n'est pas et ne veut pas être. Partant de là et par abus de langage et/ou ignorance du paysage théologique plus large, le terme désigne toutes sortes de courants théologiques non-évangélique, même certains qui sont eux-même en opposition avec le libéralisme, notamment :

• La néo-orthodoxie, courant de Karl Barth et Dietrich Boenhoffer notamment, qui tout en n'ayant pas une doctrine de l'écriture évangélique revient à l'affirmation de la plupart des positions du christianisme historique.
• Le courant critique, qui vise à l'étude des textes de manière détachée, en séparant absolument l'étude des textes biblique et la foi du lecteur. Il faut noter qu'un libéral peut faire une lecture engagée d'un texte.
• La théologie post-moderne, qui remettra en cause l'existence ou l'accessibilité d'une vérité unique et d'une interprétation juste des textes. (Elle se distingue du libéralisme par la négation de la confiance ne la raison qui caractérise ce dernier)

Il faut aussi noter que “libéral” peut aussi avoir son sens en matière de mœurs, c'est à dire d'accepter une plus large palettes de comportement, ce qui est un emploi légitime du terme mais ajoute à la confusion. (D'autant que le libéralisme du XIXe siècle pouvait être passablement moralisateur)

Le terme tend à s'appliquer de manière essentiellement relative : un libéral est quelqu'un qui interprète les textes bibliques avec plus de distances que le locuteur. Le terme péjoratif opposé est celui de fondamentaliste. Un évangélique ne se revendiquera généralement pas comme libéral, sauf par provocation.

Exemple :

- “J'envisage de considérer que peut-être la terre n'aurait pas été crée en 7 jours de 24 heures à une date que l'on peut calculer par des additions de généalogies”

- Mais ma parole, tu es libéral!