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Être édifié

L'édification désigne tout le processus d’apprentissage et de constant affermissement spirituel. Il ne faut donc pas l'entendre au sens général du terme qui convient à tout type d'éclaircissement et d'instruction culturelle ou morale.



L'édification du jeune chrétien est fort bien organisée, codifiée, et rien n'est laissé au hasard (qui est d'ailleurs le nom que prend Dieu lorsqu'il veut passer incognito, je le dis à l'attention des évolutionnistes ratiocineurs, blasphémateurs et mangeurs d'enfants); suivons-en donc les principales étapes.

A l'instar d'un léger ennui écœuré lors de l'écoute des chansonnettes hispano-gluantes de Julio Iglesias, l'édification commence très rapidement chez le chrétien moyen. Mi-homme mi-réceptacle, le petit d'évangélique sait souvent, avant que de pouvoir lire, que Seth, âgé de 105 ans, engendra Enoch, et que, contrairement aux hommes de peu de foi tels que l'apôtre Pierre ou le petit Grégory, Jésus marchait sur l'eau.

Dès qu'il se tient sur ses pieds, il est enlevé aux tentacules malsains de l'incertitude et de la curiosité, pour être édifié, c'est-à-dire que lui soient inoculées la vérité unique, les saintes certitudes, et qu'il faut donner la dîme. C'est l'école du dimanche.
Après six ans de ce régime, on lui a appris que, bien qu'il ne soit âgé que de dix ans, il peut déjà tout recommencer, balayer sa vie passée, et repartir à zéro, et repartir à zéro, avec Jésus pour berger. Sans compter qu'il dessine aussi très bien les moutons.

Après quoi, il suit le catéchisme, donne sa vie à Dieu tous les trois mois, c'est-à-dire à la fréquence à laquelle il assiste à des soirées où un prédicateur, affublé du don d'enseignement comme un punk d'un smoking, qui parle mal mais fort et avec conviction, remue son âme et son cœur, lui fait prendre conscience de sa tiédeur, détaille ses manquements, stigmatise ses faiblesses, lui promet mille tourments s'il ne s'éveille au service du Christ, puis ouvre grand ses bras et l'amour du Père afin qu'il y plonge avec des pleurs de culpabilité et des sanglots de mal-être - pendant que quelqu'un joue au piano un air digne du pleurnichard susnommé (Julio Iglesias, pas le petit Grégory), mais qui se veut plus déchirant que les Nocturnes de Chopin -, le réconforte, l'appelle “sel de la terre”, “lumière du monde” et “soldat du Tout-Puissant”, et le laisse avec l'expression béate d'un condamné à mort que l'on acquitte, et le sourire extatique d'un cégétiste sous banderole après un discours d'Arlette.
Ensuite, il assiste à un séminaire sur la manipulation spirituelle.

Après le catéchisme vient le groupe de jeunes. Le vendredi soir afin d'éviter qu'il n'aille se commettre dans les sordides tavernes, antichambres de la géhenne, bauges des impies, et ne plonge ainsi dans la méphitique ignominie de tout ce qui, ne se revendiquant pas du nom de Dieu, porte la marque de la Bête.

Lorsqu'il est bien édifié, l'évangélique s'habille comme un tennisman à Wimbledon, et participe à un rapide concours d'apnée au nom du Père, du Fils et du St-Esprit, avec quelques congénères. Dès lors, il commence une nouvelle vie, parce que c'est quand même plus facile que de continuer la sienne différemment.
Il est alors un vrai chrétien.
Plus tard, il épousera une vraie chrétienne, aura de petits vrais chrétiens, et s'occupera de l'école du dimanche, s'il ne forfait au plan de Dieu.

Permalink etre_edifie.txt · Dernière modification: 2015/02/09 10:27 par admin

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